Nous vous présentons les différentes étapes du deuil qui sont propres à chacun, en fonction de sa personnalité, de son vécu, de la situation… Ces mécanismes ont été étudiés et décris par la psychiatre Elisabeth Kubler-Ross .

Nous vous prodiguons également des conseils pour faire face à la perte d'un enfant, qu'il s'agisse d'un décès naturel, d'une perte par suicide ou encore comment expliquer la mort à un enfant. Nous comprenons à quel point ces épreuves peuvent être difficiles à traverser, c'est pourquoi nous mettons à votre disposition des ressources et des conseils avisés pour vous accompagner dans ces moments douloureux. N'hésitez pas à consulter nos articles dédiés à chaque situation spécifique afin d'obtenir une aide adaptée à vos besoins.

Aide psychologique aux personnes endeuillées

Les manifestations du deuil

Le processus de deuil est unique à chaque individu et il n'y a pas de durée précise pour le traverser

Vous êtes en deuil après un suicide

Perdre quelqu'un de cette manière peut être extrêmement difficile et douloureux

Vous êtes en deuil après la perte d’un enfant

La mort d'un enfant est une tragédie qui chamboule tout l'ordre établi. C'est une épreuve d'une violence inouïe, difficilement imaginable


La mort expliquée aux enfants

Dans cette section, il est abordé la relation à la mort par les enfants en fonction de leur âge

Les manifestations du deuil

Le processus de deuil est une étape inévitable dans la vie d'un être humain suite à un événement traumatisant, tel que la perte d'un être cher, la mort, la fin d'une relation amoureuse ou la perte d'emploi. La disparition d'un proche est un choc émotionnel violent et la vie ne sera plus jamais la même. Cependant, notre cerveau possède des mécanismes de reconstruction qui nous permettent progressivement de retrouver une vie normale. Ces mécanismes ont été étudiés et décrits en 1969 par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross dans son livre "sur le chagrin et le deuil". En se basant sur l'observation de 200 patients atteints de maladies mortelles, elle a identifié les différentes étapes par lesquelles ils sont passés et comment ils ont finalement accepté leur situation. Ces étapes comprennent le choc initial, le déni, la colère, la tristesse et enfin, l'acceptation. Le processus de deuil est unique à chaque individu, mais il est important de reconnaître et d'accepter ces différentes étapes pour permettre une guérison émotionnelle.

La façon de vivre chacune des étapes du deuil est propre à chacun, en fonction de sa personnalité, de son vécu, de la situation... Ces étapes représentent un schéma général qui sera différent pour chacun, dans sa manifestation, son cheminement ou sa durée.

Par exemple, ces différentes étapes peuvent être vécues dans un ordre différent, ou dans un ordre non linéaire avec des retours arrières éventuels.

  1. Le choc

    Un deuil est une expérience profondément bouleversante. C'est un moment où la douleur et la tristesse nous submergent, nous laissant souvent sans voix. Perdre un être cher est une épreuve difficile à surmonter, car cela signifie dire adieu à une personne qui a occupé une place importante dans notre vie. Les souvenirs, les liens et les moments partagés deviennent encore plus précieux, alors que l'on réalise à quel point cette personne nous manquera. Le deuil peut se manifester de différentes manières, allant de la tristesse intense à la colère et à l'incompréhension. Il est important de se donner le temps de pleurer, de se rappeler et de guérir. Finalement, le choc du deuil peut nous amener à réfléchir sur la fragilité de la vie et à apprécier davantage chaque instant précieux que nous avons avec nos proches.

  1. Le déni

    Cette phase consiste à refuser, de façon consciente ou inconsciente, d'admettre la réalité qui vient d'être annoncée.

    La personne peut sembler absente ou perdue dans ses pensées, déconnectée de la réalité présente.

    Cette phase est généralement courte mais intense.

    Parmi les deux cent patients mourants que nous avons interviewé, ils réagissaient de façon similaire avec cette phrase, “Non, pas moi, ce n’est pas possible”.

  2. La colère

    Une fois que la réalité de la situation n'est plus contestable vient la phase de colère. La personne peut éprouver un sentiment de colère ou d'injustice envers elle-même ou envers les autres, comme l'équipe soignante par exemple.

    Si une personne que vous connaissez vient de subir un deuil, il est important de connaître cette phase pour ne pas vous étonner ou pour ne pas prendre personnellement un changement de comportement violent de la part de cette personne.

    Lorsque le déni n’est plus possible, il est remplacé par un sentiment de colère, de rage et de ressentiments chez les patients.

  3. Le marchandage

    Il s'agit d'une phase plus spirituelle ou la personne va tenter de trouver des alternatives pour faire revenir la personne, comme par exemple en se tournant vers dieu ou un pouvoir supérieur.

    Cette phase est liée à la constatation de son impuissance, mais l'espoir d'un retour arrière est encore présent. Il s'agit essentiellement d'une phase d'illusion.

    Lors de nos interviews sans audience, nous avons été surpris du nombres de patients ayant promis de “dédier leur vie à Dieu” ou “au service de l’Église” en échange de plus de temps.

  4. La dépression ou tristesse

    Lors de cette phase commence l'acceptation de la situation. La personne se rend compte que c'est inévitable, qu'aucun retour arrière n'est possible et qu'aucun pouvoir supérieur n'y pourra rien. La personne plonge donc dans une grande tristesse, voire dépression.

    Cette phase est généralement la plus longue, et il peut y avoir des retours arrière vers le marchandage ou la colère. Elle peut paraître interminable tant les émotions peuvent paraître insurmontables.

    Il est important de rester proche et en soutient aux personnes qui se trouvent dans cette phase car elles ont tendance à s'isoler et à se couper du monde, parfois fortement.

    Le patient en phase terminale ne peut plus nier sa condition. Il doit faire face à davantage d’examens et d’hospitalisation. Lorsqu’il observe de plus en plus de symptômes ou devient de plus en plus faible et maigre, il ne peut plus en rire.

  5. L'acceptation

    Il s'agit de la dernière étape du processus de deuil. La personne accepte la situation, s'y résigne et commence à se reconstruire vers une vie normale.

    La personne commence à retrouver son énergie et à sortir de son isolement. La vie se réorganise sans la personne perdue.

    Si le patient a eu assez de temps et a été accompagné lors de ses précédentes phases, il atteint la dernière étape du deuil. Lors de laquelle il n’est ni déprimé ni énervé à propos de son “destin”. Elisabeth Kübler-Ross

Vous êtes en deuil après la perte d’un enfant

La mort d’un enfant bouleverse l’ordre des choses…
C’est une des épreuves les plus terribles que l’on puisse vivre. Vous vous demandez si vous pourrez y survivre.

Vous êtes submergé par votre chagrin

La mort de votre enfant fait s’écrouler vos espoirs, vos projets d’avenir, vos rêves. Il était la meilleure partie de vous-même. Ne refusez pas votre souffrance, votre chagrin. Ces sentiments sont naturels comme votre envie de mourir. Vous avez le sentiment que le monde s’est arrêté. Tout est vide.

Vous êtes abattu, prostré : vous ne pouvez plus avancer : à quoi bon ?

Parlez de votre enfant autant que vous en avez envie auprès des personnes qui savent vous écouter

Vous sentez que rien ne sera plus comme avant

Il va falloir vivre avec ce malheur. A certains moments vous refuserez d’y croire, comme s’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve. Vous avez fait un enfant pour la vie. Vous n’avez pas pu l’empêcher de mourir : vous vous sentez totalement impuissant, écrasé par cette impuissance.

Une foule de sentiments pénibles vous envahit en plus de la douleur et du chagrin

  • La révolte : il n’est pas normal de mourir si jeune, de mourir avant ses parents

  • La colère contre la vie, contre le monde entier, contre les autres et contre vous-même

  • La culpabilité : on se reproche toujours de n’avoir pas pu sauver son enfant puisque nous, les parents, sommes là pour le protéger

  • La confusion, la peur, des sentiments d’abandon peuvent aussi apparaître

Vous vous sentez complètement épuisé

C’est normal. Essayez de prendre soin de vous, de respecter vos limites, de vous arrêter, de vous reposer, de pleurer en pensant à lui, à elle.

Ne refusez pas de vous faire aider, même pour les petites choses matérielles, parfois bienfaisantes.

Essayez de ne pas vous renfermer

Exprimez ouvertement votre chagrin, mais avec des personnes qui peuvent vous comprendre, et ne cherchez pas à vous consoler avec des lieux communs, des clichés qui font très mal.

Parlez de votre enfant autant que vous en avez envie auprès des personnes qui savent vous écouter

N’essayez pas de chasser son souvenir

Ce n’est pas possible. Honorez son souvenir, commémorez son anniversaire. Gardez ses objets qui vous font du bien aussi longtemps que vous voudrez. Mais la date anniversaire de sa mort est toujours très douloureuse, tout comme les fêtes de fin d’année où les absents sont terriblement présents.

La mort expliquée aux enfants

Est-ce que tu crois que tout le monde meurt ? Moi aussi je vais mourir ? Et toi maman tu as quel âge ? Tu vas mourir bientôt ? Où on va quand on est mort ? C'est quoi être mort ? Pourquoi on doit mourir ? Tu crois que Mamie a froid dans son cercueil ? Tu crois qu'elle viendra pour mon anniversaire ? Les questions des enfants sur ce sujet sont nombreuses même s'ils ne les formulent pas toujours.

La société a beaucoup changé en peu de temps dans son rapport à la mort. Nos grands-parents mouraient chez eux entourés de leur famille, de leurs voisins de ceux qu'ils aimaient. Les enfants étaient présents, la mort était vécue comme la fin de la vie, un phénomène naturel, ce qui n'enlevait rien à la douleur. Un décès brutal sans avoir pu parler à ses proches avant de mourir était une mort redoutée. Aujourd'hui, la mort ne doit pas faire de bruit, elle appartient de moins en moins au mourant et à sa famille, elle se passe dans les hôpitaux, les maisons de retraite nombreuses personnes meurent seules et ne sont pas entourées de leurs proches. Elle est devenue l'affaire des spécialistes, médecins pompes funèbres. On voit bien que la mort est cachée, escamotée, elle se passe en silence. Aujourd'hui, l'idéal est une mort rapide, sans souffrance dont on ne s'apercevrait pas.

Comment parler de la mort avec les enfants?

C’est un questionnement que l'on retrouve chez de nombreux parents ou adultes en charge de l'éducation d'enfants. La mort d'un membre de la famille, d'un ami ou même d'un animal familier est une épreuve difficile, le deuil est un processus douloureux aussi bien pour l'adulte que pour l'enfant. Les enfants vivent le deuil différemment des adultes, mais ils le vivent. Les enfants ressentent le chagrin et réagissent différemment selon leur âge, leur expérience passée avec la mort et la façon dont ils ont été préparés avant le décès ou pas du tout.

Comment les enfants construisent-ils leur représentation de la mort ?

Les enfants n'ont pas une représentation de la mort identique à celle des adultes. Lorsqu'un événement traumatique comme la mort d'un proche ou d'un animal vient rompre leur rythme de vie, les blessures de l’âme, la souffrance du cœur et de la mémoire sont réelles et constituent des blessures psychiques invisibles avec lesquelles les enfants endeuillés doivent apprendre à vivre. Tous les chercheurs s'accordent à dire que l'enfant évolue d'une conception allant de la dénégation de la mort en tant que processus final, inévitable et universel à son acceptation en tant que telle vers la préadolescence. L'âge, le développement cognitif, affectif, moteur, le milieu social, l'expérience d'un deuil ou pas, sont autant de facteurs qui vont influencer l'évolution du concept de la mort.

De 0 à 2 ans.

A cet âge, l'enfant ne peut se représenter la mort, il la vit, la subit comme une absence, une séparation, un abandon. Ils vont souffrir sur le plan sensoriel de cette séparation et peuvent développer des angoisses qui seront des angoisses d'abandon. A ce stade, l'enfant crée des liens principalement par le biais du corps, c'est cette relation qu'il arrive à concevoir. L'enfant de cet âge a une perception aiguë de tout changement dans l'atmosphère familiale lorsqu’une personne proche décède. Il est donc important d'expliquer avec des mots simples ce qui se passe. Un parent peut expliquer qu'il est triste, perdu dans ses pensées, expliquer à son enfant « que ce n'est pas à cause de lui mais que le décès d'un proche vous attriste car vous l'aimiez beaucoup, qu'il vous manque » et faites-lui un gros câlin. Il ne comprend pas le sens des mots mais il comprend que vous lui expliquez quelque chose et cela va le rassurer car il ressent ce que vous vivez. Dans le cas où l'un des deux parents vient de mourir, s'assurer qu'il y ait une personne aimante comme personne substitut capable de répondre à leurs besoins primaires: nourriture, affection, sécurité.

De 2 à 6 ans.

A ce stade, l'enfant pense à la mort mais n'en parle pas forcément. Il ressent que la mort fait souffrir car il voit ses parents tristes quand un décès arrive. L’enfant acquiert le langage et la symbolisation (vers 18 mois), il fait des liens de cause à effet et découvre « y a pu». C'est la période de la pensée magique, l'enfant interprète tout par rapport à lui, il se pense seul au monde, responsable de tout ce qui peut arriver autour de lui et croit fermement que ses paroles suffisent à provoquer les événements. Si dans un moment de colère, il en vient à souhaiter la mort d'une personne et que cela se produit, il peut s’attribuer la responsabilité de ce décès et être convaincu que son comportement a eu l'effet d'une baguette maléfique; que s'il avait été plus gentil, plus sage, plus obéissant, la personne morte serait encore vivante. L'enfant peut mettre en place de la culpabilité.

A ce stade, les enfants ne maîtrisent pas la notion du temps, on peut le voir à travers leurs questions très concrètes: «Est-ce qu'il a froid? Qu’est-ce qu'elle mange? Est-ce qu'il peut parler? Est-ce qu'il viendra à mon anniversaire?»
La mort est temporaire et réversible, la notion de jamais plus n'est pas comprise quand on meurt « c'est pas pour toujours » et de ce fait l'enfant peut avoir des comportements qui nous désarçonnent à l'annonce de la mort d'un proche: joie, rire... L’enfant repart jouer après l'annonce de la mort d'un proche comme si de rien n'était, car il s'attend à revoir la personne. Cette idée que la mort est temporaire se retrouve très souvent dans les jeux d'enfants où la mort est mise en scène: «pan je te tue, tu es mort, tu t'allonges et tu restes allongé un peu... puis l’enfant se relève, redevient vivant et reprend le jeu.»

L'enfant avant 6/7 ans assimile la mort à l'immobilité, et confond mort et sommeil, quand on dort, on ne bouge plus, on a les yeux fermés, ce qui peut expliquer l'apparition d'angoisse au moment du coucher. Il est donc très important de dire que la personne ne dort pas et qu'elle ne reviendra pas.

Dans cette période, pour la majorité des enfants, la mort n'est pas perçue comme un phénomène naturel, on meurt parce qu'on a été tué ou par accident.

A cet âge, l'enfant croit la réponse qui lui ait donnée d'où l'importance de répondre avec franchise, clarté et simplicité.
Dans tous les cas, accueillir l’enfant dans ses réactions avec patience et amour.

Après 6 ou 7 ans.

Vers 6 ans, apparaît la notion de fantôme qui est en quelque sorte un intermédiaire sur le chemin qui va mener l’enfant à comprendre que la mort est un phénomène irréversible, une sorte de médiateur entre le monde de la vie et de la mort sous une forme presque humaine. Beaucoup d'enfants évoquent les fantômes à la fois de façon désirée et redoutée.
Après 6 ou 7 ans, l’enfant prend conscience du temps qui passe, il s'aperçoit qu'on ne peut pas revenir à hier ni s'arrêter sur maintenant, le temps est irréversible. Il prend conscience que lorsqu'on est mort c'est pour toujours. C'est un moment difficile car il perçoit qu'il ne reverra plus la personne morte. «On est mort pour toujours alors? »

Il comprend que la mort est un événement final, inévitable, il est capable de relier la mort à la vieillesse, la maladie à un accident. Il intègre le caractère inexorable de la mort, l'idée que tout le monde doit mourir un jour. Différentes angoisses peuvent survenir, notamment par rapport aux parents : « Je veux pas que papa et maman vieillissent après ils meurent...t'as quel âge papa?... tu vas mourir bientôt ? » Une petite fille de grande section maternelle 6 ans venait souvent dans ma classe chercher son frère en CM1, elle me confiait à chaque fois qu'elle ne voulait pas passer dans la grande école parce qu'après, me disait-elle, « je vieillis et je meurs.....et moi je veux pas mourir.... »

A ce stade, la vie sociale de l'enfant s'élargit et il commence à comprendre que tout le monde doit mourir et pas seulement quand on est vieux. C'est le caractère universel de la mort, la mort n'épargne personne, pas même lui et qu'elle peut survenir à tout moment. Cette découverte se fait vers 9 ou 10 ans et peut constituer un véritable choc. Il comprend que la mort est inscrite dans la nature comme la vie : naître, vivre et mourir...

L’enfant s’intéresse aux détails de la mise en terre et se pose des questions : « Qu'est ce qui se passe quand on est mort ? Y-a-t-il une vie après la mort ? Comment on sera sûr que je serai bien mort avant de m'enterrer ? Qu'est qu'il devient mon corps ? »

Quand parler de la mort avec les enfants.

Faut-il attendre la mort d'un membre de la famille pour aborder ce sujet ? On pourrait penser que le moment idéal pour parler de la mort est une situation de deuil. C'est la période la plus critique car ni l'enfant ni les parents ne sont capables de réfléchir sereinement. En effet, si le sujet n'a pas été abordé avant, il n'en sera que plus difficile. A la peine, la tristesse, la colère, s'ajouteront vos peurs par rapport à la mort et toutes les angoisses liées au « comment je vais l'annoncer à mon enfant ? »
Certains chercheurs pensent qu'il vaut mieux attendre que l’enfant pose des questions, s'il n'en parle pas ne pas lui en parler.
D'autres disent : si l'enfant pose des questions sur la mort c'est qu'il est en bonne santé. On peut s'interroger : pourquoi certains enfants ne posent pas de questions ? Ne sentiraient-ils pas que c'est un sujet tabou, ou que ça va rendre maman ou papa triste ?
Une petite fille de 9 ans qui voulait poser des questions à ses parents sur la mort s'est entendu répondre « tu es trop jeune pour qu'on en parle... tu ne peux pas comprendre, on en reparlera plus tard, quand tu seras plus grande... ». Ce n'est pas un exemple isolé.
L'enfant restera avec son questionnement, ses peurs.... il n'osera plus aborder ce sujet et pourra développer des angoisses, des peurs.

Il est nécessaire et important que les questions existentielles fondamentales comme la vie, la mort… puissent faire l'objet d'échanges verbaux avec les parents.
Si le dialogue a déjà été instauré, le jour où l’enfant et sa famille auront à affronter la mort d'un proche, il sera plus facile de partager avec des mots, des gestes la réalité de la situation, leur chagrin, leur désespoir …

Nous formons notre attitude vis-à-vis de la mort dès le bas âge, les parents ont donc besoin de commencer à éduquer leurs enfants sur cet aspect de la vie aussi.

Pourquoi est-ce difficile de parler de la mort avec nos enfants ?

Tout dépend comment, nous, enfant, avons été confrontés à la mort ou à l'angoisse de l'abandon. Les parents qui ont souffert dans l’enfance d'un divorce, d'un décès, d'un parent dépressif qui les aurait abandonnés psychiquement, ou toute autre perte, auront plus de difficultés à aborder le sujet parce qu'ils auront tendance à projeter leurs propres souffrances sur leurs enfants.
Peut-être n'avons-nous pas fait certains deuils ?
Cela nous renvoie-t-il à notre propre mort ?
Des appréhensions plus basiques tiennent à des idées trop répandues, peur de traumatiser l'enfant, de générer chez lui des angoisses..., protéger l'enfant de tout ce qui est lourd et triste. La mort est une question existentielle dont les enfants ont besoin de parler.
Il est de notre devoir en tant que parent ou adulte responsable de l'éducation d'enfants de parler de la mort, de leur expliquer que la mort fait partie de la vie.

Comment parler de la mort avant qu'elle ne survienne dans l'entourage proche ?

La mort fait partie de la vie et les enfants le comprennent très tôt. Dans la vie quotidienne, la vie comme la mort sont partout présentes, on pourra de ce fait saisir toutes les occasions qui se présentent pour parler de la mort aux enfants.
Quand la mort surviendra l’enfant aura déjà compris beaucoup de choses.
On pourra prendre l'exemple d'une plante qui bourgeonne, fleurit puis meurt, la mort d'un l'animal, le cycle de saisons, une histoire lue ou racontée, seront autant d'excellentes occasions pour ouvrir la discussion.
Si l'enfant est triste, le laisser manifester sa tristesse et l'encourager à exprimer ses émotions.
La mort d'un voisin, d'une connaissance, lui expliquer la peine que doit ressentir sa famille, attendre les questions de l’enfant.
Les livres qui abordent ce sujet sont d'excellents supports avant comme après la mort.
Une liste de quelques albums est en cours d'élaboration et sera donnée à la fin de cet article.

On peut insister sur le fait que la mort est inscrite dans la nature comme la vie, c'est un processus naturel, « tout naît et tout meurt » la mort arrive à tout le monde, souvent quand on est vieux, parfois quand on est jeune.
Les histoires que nous trouvons dans les contes, les albums vont permettre à l’enfant de parler de ses émotions de ce qu'il pense....L'enfant a besoin qu'on lui demande ce qu'il ressent.
Le livre est un support important qui va permettre à l'enfant de trouver des réponses aux questions qu'ils n'osent pas poser, cela permet de prendre du recul, c'est l'histoire d'un autre, des autres, avec leurs mots, et sera prétexte à la discussion avec l’enfant qui pourra dire ce qu'il a compris, comment il ressent les choses.
L'enfant peut s'identifier à un personnage de l'histoire et voir qu'il n'est pas seul à être seul et triste, à avoir peur, à être confronté à cette situation difficile.
Le livre lui montre que la mort est une chose naturelle, et que les sentiments ressentis face au deuil et à la mort sont normaux.

L'enfant peut demander et après la mort qu'est qui se passe ? Vous pouvez lui parler de vos croyances et lui expliquer que d'autres personnes peuvent avoir d'autres convictions.

Comment annoncer la mort d'un proche ?

Il est très important de le lui annoncer rapidement, plus vous attendrez plus cela risque être difficile.
Dites-lui avec beaucoup de douceur que cette personne est morte, qu'elle ne reviendra pas, qu'elle a terminé sa vie.
Les enfants ont besoin de concret, le mot mort est tout à fait approprié pour eux, ils n'ont pas accès au symbolisme de certaines expressions : « il est parti, il s'est endormi pour toujours, il a disparu, il est au ciel... ». Ce sont des expressions qui sont à proscrire.
Expliquez-lui qu'il ne verra plus cette personne, que cette personne ne sera plus présente physiquement mais qu'elle sera toujours dans son cœur, dans ses pensées.
Vous pouvez lui dire « son cœur a cessé de battre, il ne respire plus, il est mort ».
Si la douleur est trop grande pour vous, dites-lui simplement que vous êtes très triste et que vous lui expliquerez un peu plus tard.
Si cela est possible pour vous à ce moment-là, accueillez les questions de votre enfant, répondez lui avec simplicité et justesse en fonction de sa compréhension, « comment elle est morte ? » etc...

Mettez des mots SIMPLES ET VRAIS sur la situation. Le mensonge, les non-dits, les fabulations sont à éviter, ils ne protègent pas l'enfant et vont être source de souffrance, de douleur morale, d'un profond désespoir chez l’enfant qui perçoit très vite le décalage entre la réalité et ce qu'on lui dit de cette réalité.
L’enfant croit en la parole de l'adulte, si vous ne lui dites pas la vérité, il le ressentira comme une trahison et n'aura plus confiance en vous.
Expliquez, (mais sans détails morbides) les circonstances de la mort, maladie, accident... pour lui éviter de vivre la culpabilité.

Souvenez-vous des bons moments que vous avez partagés avec la personne défunte, regardez des photos, ces échanges seront bénéfiques pour l’enfant et pour vous.

Vous pouvez partager vos sentiments « nous avons beaucoup de chagrin, de peine, on est triste parce que nous aimions beaucoup Mamie…., c'est comme ça quand quelqu'un meurt ».

Dans tous les cas, ne laissez pas votre enfant seul, la meilleure façon d'aider votre enfant, c'est la communication en lui donnant des explications à la mesure de sa compréhension et de l'écouter. Gardez une continuité dans votre rythme de vie, des routines... ceci lui permettra d'avoir des repères rassurants.

Prenez soin de votre propre angoisse, car même si vous faites tout pour la cacher à votre enfant, celui-ci a des antennes tellement puissantes que cela représentera une source d'angoisse supplémentaire chez lui, n'hésitez pas à vous faire aider.

Ne cherchez pas à protéger votre enfant de la douleur ou du chagrin, le fait d'en parler amène l'enfant aussi bien que l'adulte à accepter la réalité.

Si vous ne connaissez pas la réponse à une de ses questions dites-lui simplement que c'est une question pour vous aussi et que vous n'avez pas la réponse.

Les différentes réactions de l'enfant.

L'enfant peut traverser une période de régression, refaire pipi au lit.... parler comme des bébés...
D'autres peuvent manifester de l’agressivité ou peuvent faire comme si de rien n'était et après l'annonce du décès d'un proche peuvent repartir jouer. Il est nécessaire d’être attentif afin que cette indifférence ne cache pas solitude et douleur.
Il peut y avoir une baisse de concentration, du repli sur soi, de la tristesse, de l'hyperactivité, de l'anxiété. Il est important d'informer l'enseignant de la situation.
Dans tous les cas, soyez présent, écoutez-le, aidez-le à dire ce qu'il ressent, soyez patient, entourez l’enfant de bienveillance et d'amour.
Surtout, ne lui dites pas comment il devrait se sentir ou ne pas se sentir, ne le culpabilisez pas de sentir ou pas telle ou telle émotion.
Si une personne proche est malade, en parler à l'enfant et suivre les étapes de la maladie, « les docteurs ont fait des examens à Mamie... et ils ont découvert une maladie grave, nous sommes très tristes. »
L'enfant posera peut-être des questions, « mais elle va guérir ? », bien lui dire, « on ne sait pas, les médecins la soigner mais c'est une maladie très grave, il y a de fortes possibilités qu'elle en meure ». Suivre l'évolution de la maladie sera une étape préparatoire lorsque le décès surviendra, l’enfant sera préparé.

Comment rassurer l'enfant dans ces moments là ?

L'enfant a besoin d'être rassuré, il est important de lui dire :
- qu'il n'est pas responsable (car c'est souvent ce qu'il tendance à penser surtout au stade de la « pensée magique ».
- qu'il n'est pas en danger de mourir lui aussi.
- qu'on va continuer à s'occuper de lui le mieux possible malgré les changements dans la famille car il sent bien que cette mort va entraîner des changements importants dans la vie familiale.
- qu'on va continuer à aimer, à penser à la personne disparue, qu'on ne va pas l'oublier.

L'enfant peut-il participer aux rituels funéraires ?

Il est important que l'enfant en tant que membre de la famille ne soit pas mis à l'écart à ce moment-là. Ce sont des moments qui appartiennent à la famille dans son entier, que la cérémonie soit religieuse ou civile, ils doivent y être associés et si possible en être acteur.
Permettez lui de participer aux différents rituels rattachés à la mort, la possibilité d'être intégré à ces événements et d'y être relié par des paroles ont un effet structurant sur l’enfant et même sur le bébé, (le simple fait d'enterrer l'animal de compagnie...).
Le fait de participer va lui permettre de mieux comprendre ce qui se passe, entendre des paroles, voir, des gestes tendres et réconfortants cela aide à concrétiser la réalité, à rapprocher les vivants, exprimer la peine, rendre hommage au défunt, intégrer la perte.
L’enfant va pouvoir ainsi assimiler le deuil en se fabriquant des souvenirs.

Si l’enfant le souhaite, il peut voir le corps du défunt, il est évidemment nécessaire qu'il soit accompagné par une personne de son entourage proche, l'un des deux parents ou une personne aimante en qui il a confiance et qui pourra le rassurer.
On peut proposer à l'enfant de réaliser une carte avec un dessin ou suivant l'âge et l'envie de l’enfant un écrit, des fleurs qu'il déposera auprès du défunt.

Que la personne soit enterrée ou incinérée, rassurer l’enfant et lui expliquer que c'est une tradition, que le corps est mort, qu'il ne ressent aucune souffrance, il n'a pas froid... le tombeau est un lieu de souvenir.

Lors de la cérémonie les enfants peuvent avoir des comportements qui peuvent nous déranger, s'agiter, courir,... inutile de les culpabiliser, ils sont eux aussi troublés. Lors de la cérémonie, il est nécessaire que l’enfant soit pris en charge par un adulte qui pourra le rassurer, lui expliquer que les personnes présentes ont besoin d'un moment pour se recueillir. L'emmener faire un petit tour, lui parler, calmera ses angoisses.

Attention, l'enfant n'est pas un adulte, il n'est pas non plus votre confident, si vous avez besoin de vous confier, faites-vous aider par votre entourage.
Certains enfants veulent aider les adultes en deuil, il très important de leur rappeler que c'est aux adultes de prendre soin des enfants et non l'inverse, mais ça va mieux en le disant.
Les adultes peuvent leur parler des personnes adultes sur lesquelles elles s'appuient et vont chercher du réconfort ou de l'aide.

Nous savons que la mort est inéluctable, n’en faisons pas un sujet tabou.

Bibliographie:

• Françoise DOLTO psychologue
• Docteur Ben SOUSSAN pédopsychiatre
• Michael Larra Psychiatre pour enfants
• Emmanuelle Huisman-Perrin
• M.H. Encrève Lambert (la mort)
• Claire Kebers psychologue
• Patrick Grosjean
• M.F. Bacque (l'enfant au cœur de l'absence)
• Sophie Gaudin et Christelle Gilquin (femmes d'aujourd'hui)
• Guy Cordier, psychiatre pédopsychiatre (l'enfant endeuillé)
• Marion Haza psychologue (l'enfant endeuillé)
• J. L. Hélu (psychologie du mourir et du deuil)
• Hélène Romano psycho-clinicienne (accompagner l'enfant sur le chemin du chagrin)
• Bowlby (attachement et perte)
• Grappa (deuil et traumatisme chez l'enfant et l'adolescent)
• Catherine Héry psychologue clinicienne (interview)
• Docteurs Sauver et Oppenheim
• Joe-Ann Benoit psychothérapeute
• Josée Masson (mort mais pas dans mon cœur)
• M. F. Bacqué (le deuil à vivre)
• L. Bailly (traumatisme psychique chez le jeune enfant et théories sociales infantiles)
• Hanus et Sourkes (les enfants en deuil)
• Moro (l'enfant face à la mort, ici et ailleurs)